La peur a beaucoup dirigé ma vie. Elle est très douée pour se faire passer pour moi.
La peur a beaucoup d’imagination aussi. Créer des scénarios catastrophes, proposer des excuses, parlementer, parler fort… Elle aime sa place et elle s’est donnée pour mission de garder son poste toute sa vie. Bravo, quelle détermination !

Oui mais, cette coloc’ intérieure, en fait, elle est un peu trop envahissante à mon goût.

Elle est bien sympa hein cette peur au fond, ses intentions sont, selon elle, très positives ! Je ne peux pas vraiment lui en vouloir… Elle oeuvre pour mon plus grand bien. Oui, en fait la peur oeuvre pour me protéger, pour qu’il ne m’arrive pas. Si je reste là, bien au chaud, tranquille à la même place, tout ira bien. Comme ça, je ne risque rien. Elle voudrait que rien ne change surtout. Trop dangereux. La peur a enregistré par le passé un programme de protection en cas de danger. C’était utile avant, quand j’étais enfant. Mais aujourd’hui, ça ne l’est plus. 
“Ouf, on a eu chaud, on a échappé à la catastrophe, tu as failli être heureuse ! “ Et elle est tellement bavarde, qu’à force de l’entendre, je crois qu’elle a raison.

“Non mais oui, c’est une mauvaise idée, je ne le fais pas / je ne le dis pas / je reste là, c’est mieux”.


Mais, tu veux me protéger de quoi en fait ? De la vie ? De ce qui me fait vibrer quand j’y pense, de ce qui me remplit le coeur, de cet élan qui m’appelle, de ce qui est doux, léger et simple et clair ? 

 

Aaaah mais en fait tu penses qu’on va mourir toutes les deux si tu disparais ? Si je ne te laisse plus aux commandes ?
Et bien non, tout ça n’est qu’un leurre. Enfin si, toi tu penses que tu vas mourir, mais moi non.
Moi je vais enfin vivre. Je n’attends que ça en fait. Mais ne t’inquiètes pas, la peur, si tu veux, poses-toi à côté, regarde le paysage, mais c’est décidé, maintenant, c’est moi qui conduis. 

 

Moi ? Mais c’est qui du coup, moi ? Moi, c’est la conscience qui observe. La voix qui sait. Celle qui est calme, tranquille, et elle ne fait pas de longs discours. Elle va à l’essentiel, sans détour. La voix très calme et direct à l’intérieur. La voix de l’intuition quoi. 

 

Vous connaissez ce conflit interne, ce tiraillement, ce quelque chose qui vous fait dire “c’est par ici, viens ça va être génial !” puis à la seconde d’après, l’autre voix qui vous dit “mais non n’importe quoi, la mauvaiiiiise idée ! C’est hyper dangereux, tu ne te rends pas compte tu pourrais te faire rejeter, te faire abandonner, juger… tu pourrais finir seule, au fond du trou, ce serait horrible !”. 

 

Alors on fait quoi ? Bah, on oublie bien sûr. On oublie l’idée géniale, l’envie qui transporte !

On préfère choisir ce qui fait mal au ventre, que choisir ce qui nous rend léger.

Tout ça pour un leurre ? 

 

Nous sommes ici pour vivre

 

J’vous le dis, on n’est pas ici pour souffrir. On est ici pour vivre, pour expérimenter la vie, à notre manière. Offrir ce qui souhaite se manifester en nous. Exprimer notre voix, nos talents… Nous amuser, rire !

 

Au pire, que risque-t-on ?

 

Au pire, on meurt.

Et quand on est ok que le pire puisse arriver, on est libéré, et on peut enfin, en profiter.